FESTIVAL DE GHODE JATRA

FESTIVAL DE GHODE JATRA

Le festival de Ghode Jatra est une parade de chevaux qui se déroule sur la place de Tundikel, plus connu sous le nom de Ratna Park, au centre de la ville de Katmandou aux environs du mois de Mars et d’Avril.

UNE LEGENDE URBAINE

Contrairement à la plupart des festivals du Népal, Ghode Jatra n’a pas de coloration religieuse mais elle implique l’histoire de Katmandou et de ses habitants, les Newars.

Tout commence avec l’histoire de Kesh Chandra, un commerçant de la capitale.  Avide d’argent Il pariait régulièrement le peu d’argent qu’il possédait, persuadé qu’il reviendrait riche. Cependant, il revenait chaque jour sans argent et l’estomac vide. Il alla  donc demander de l’aide à sa sœur mariée à un riche Newar  de la ville. Pleine d’empathie pour son petit frère, elle lui cuisina un festin dans une assiette en or. Kesh Chandra, le ventre plein, partît non sans avoir embarqué l’assiette en or de sa sœur pour pouvoir la parier en espérant se refaire. Mais comme chaque fois, il perdit tout son argent y compris bien sûr l’assiette en or.

Il retourna donc chez sa sœur demander de l’aide espérant que celle-ci lui pardonnerait. Pleine de sagesse, elle accepta ses excuses et lui cuisina une nouvelle fois un somptueux dîner, servit cette fois-ci dans un plat en argent. Incapable de résister, Kesh Chandra lui vola l’assiette qui perdit de nouveau jeu. La troisième fois, sa sœur compatissante malgré tout lui servit un repas mais cette fois-ci sans assiette. Ne voulant pas manger par terre, Kesh Chandra partît donc de la maison de sa sœur avec une poignée de riz en main mais n’ayant nulle part où aller, il s’installa sous un arbre avec son dîner au pied du fameux Stupa de Swayambunath pour y passer la nuit.

Le lendemain matin, il se retrouva les mains vides, les pigeons ayant mangé tout son riz durant la nuit. En remerciement, ceux-ci lui offrirent des œufs en or mais   au moment même, il aperçut un démon : c’était Gurumapa, démon qui alimentait de nombreuses histoires et qui faisaient peur à tous les enfants de Katmandou. Gurumapa apercevant le pauvre Kesh voulut en faire son repas de la journée mais ce dernier lui promît de lui faire faire bombance et de garder ses œufs d’or. Le démon Gurumapa resta un mois dans la maison de Kesh qui tint sa promesse  mais les habitants du quartier ayant découverts que Kesh accueillait le démon chez lui, lui demandèrent de déguerpir du quartier. Kesh Chandra proposa alors à Gurumapa de le loger dans un endroit plus confortable, au pied d’un arbre dans le parc de Tundikel au cœur de la ville.  Il lui rendit visite quotidiennement pour le nourrit mais le quatrième jour, il décida de l’abandonner à son triste sort. Après avoir attendu Kesh pendant plusieurs jours, furieux le démon se rendit dans sa maison terrorisant les habitants au passage : c’est la dernière fois que les voisins virent le pauvre Kesh Chandra qui disparu à jamais.

Gurumapa lui retournât vivre dans le parc de Tundikel où pendant des mois il fit règner la terreur dans la population. Ne supportant plus de vivre dans la peur quotidienne, les habitants décidèrent de se battre contre Gurumapa.
Lors de la première bataille, les habitants s’armèrent de pics et d’épées mais ne purent venir à bout du démon. Ils décidèrent alors de libérer une horde de chevaux qui cloua le démon au sol. Roué dans la poussière, Gurumapa ne se releva plus, et les Newars de Katmandou purent célébrer leur victoire.

 

DEROULEMENT DES FESTIVITES

Craignant cependant que Gurumapa ne revienne hanter la ville, il fut décidé d’organiser chaque année une parade de chevaux à Tundikhel, rituel devenu aujourd’hui le festival de Ghode Jatra. C’est ainsi que chaque année sur l’esplanade de Tundikhel s’affrontent une vingtaine de cavaliers de la cavalerie royale au cours de différentes joutes, courses et acrobaties. Entendant la vibration des sabots, les démons prennent peur et restent profondément enfouis : plus la cavalcade est rapide, plus le bruit augmente et effraye d’autant les démons qui restent calfeutrés sous terre.

Au-delà de la légende, c’est surtout l’occasion pour les soldats de l’armée, en grand apparat, de montrer leur talent devant les gradés, les fonctionnaires et les diplomates, seuls autorisés à assister au spectacle à l’intérieur du parc. La foule immense, personna non gratta dans l’enceinte, n’a d’autre choix que de se masser le long des grilles du boulevard pour suivre les diverses péripéties. Le spectacle se termine par une volée de parachutistes qui viennent atterrir au milieu du parc, tandis que les grilles s’ouvrent et que la foule libérée, ne vienne propicier les démons par des offrandes de nourriture et conjurer ainsi le mauvais sort.

Le soir a lieu une autre célébration, celle du Pahan Charhe. Des palanquins portant les déesses-mères des temples de la ville se rassemblent à Tundikhel pour une grande cérémonie accompagnée de fanfares et de danses. Au même moment, à Patan, l’autre cité impériale de l’autre côté de la rivière Bagmati les habitants se moquent des gens de Katmandou et saoulant un cheval il le laisse divaguer dans les ruelles. Les hommes généralement ivres eux-aussi tentent de monter le cheval à cru et la foule hurlent sa joie et son plaisir effrayant le cheval qui finit bien sûr par désarçonner son cavalier…

03 Avril 2020
Adeline LANGLOIS

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