Himalaya Népalais : une zone sans plastique?
Une campagne pour interdire l’usage de sacs et de bouteilles d’eau minérale en plastique sur les chemins de trek du Népal.
Depuis 10 ans et comme de nombreux patrons de lodge au Népal, Hem Bahadur du village de Chomrung a profité de l’augmentation régulière de la fréquentation touristique dans la région himalayenne des Annapurnas. Il a investit ses profits dans une salle de bain et des toilettes mais Hem s’est vite rendu compte qu’il ne pouvait rien faire des sacs en plastique et des bouteilles d’eau minérale qui jonchaient les abords de son lodge, le village, les champs et les rivières alentours. Avec deux collègues de Chomrung ils ont donc convaincu tous leur collègues d’interdire purement et simplement les bouteilles d’eau minérale sur les quatre jours de trek entre Chomrung et le Sanctuaire des Annapurnas, et ce, avec succès, depuis près de 12 ans.
Le plastique est un des pires fléaux environnementaux, notamment dans les régions de montagne : il met des siècles à se dissoudre, il est dangereux pour la santé humaine, le bétail et la faune sauvage, et il est pratiquement impossible à recycler. Aujourd’hui, faisant suite à l’initiative de Chomrung, l’association népalaise Greenaction a donc lancé une campagne pour faire interdire purement et simplement l’usage du plastique – bouteilles et sacs – dans tout l’Himalaya népalais.
Comme le souligne Hem Bahadur : « Nous avons survécus pendant des siècles sans sacs en plastique. Et les alternatives existent. Quant à l’eau, nous vendons de l’eau filtrée ou bouillie aux trekkeurs et nous gagnons plus d’argent qu’avec les bouteilles. Et en plus c’est durable ! »
La mise en place de cette interdiction est de la responsabilité des Parcs Nationaux qui couvrent les régions de trek et qui collectent d’importantes royalties de chaque visiteur. Si certaines règles de préservation de l’environnement ont été mises en place dans les Parcs, Greenaction réclame aujourd’hui la mise en œuvre de l’étape suivante qui doit être bien sûr l’interdiction du plastique comme c’est déjà le cas ailleurs, notamment chez nos voisins du Ladakh, du Sikhim ou du Bhoutan.
Aujourd’hui le concept de ‘tourisme durable’ est dans toutes les brochures, sites et pubs des agences de voyage. ‘Durable’ signifie un management responsable des ressources humaines et naturelles, et la capacité de maintenir et d’accroitre la fréquentation touristique sur le long terme dans les meilleures conditions possibles. Si nous voulons que l’industrie du trekking soit durable au Népal, qu’elle offre des emplois bien rémunérés et dès lors demeure une alternative viable à l’exode des jeunes notamment, il est temps que le gouvernement et ses différentes agences prennent des mesures drastiques sur le plastique. Oui, ‘’visiter le Népal une fois ne suffit pas’’ comme le suggère la publicité officielle du ministère du tourisme népalais mais pour être sûr que les trekkeurs aient envie de revenir, il faut que le gouvernement développe les infrastructures nécessaires – aéroports, routes, électricité, eau, – tandis que les Parcs et les entrepreneurs du tourisme doivent proposer de la nourriture et des hébergements corrects pour les trekkeurs ET pour les porteurs, et un environnement préservé. Tels sont les facteurs a minima pour le Népal puisse continuer de jouir des 40 % de visiteurs qui reviennent aujourd’hui ce qui est un atout inestimable pour le pays.
Pour l’industrie touristique, la vraie question est : comment un village de quelques centaines de maisons peut-il accueillir à long terme, un nombre croissant de visiteurs et gérer ses déchets dans de bonnes conditions ?
Il est aujourd’hui accepté qu’en moyenne 50% des déchets ménagers sont biodégradables et peuvent être compostés tandis que l’aluminium et les boites de conserves peuvent être recyclés car ils ont une vraie valeur marchande. Mais que faire des sacs et des bouteilles en plastique ? Sur la place centrale de Lomanthang, petite capitale de l’ancien royaume du Mustang, un imposant panneau de l’Annapurna Conservation Area (ACAP) prie instamment les touristes de respecter la nature fragile de ces paysages sublimes. Mais, à 100 m de là, juste derrière les hauts murs de la petite cité médiévale, une vaste décharge à ciel ouvert dégage une odeur pestilentielle. Que faire ? N’est-il pas temps de prendre des mesures drastiques ? Ou devons nous attendre pour agir que les déchets envahissent la ville et que les touristes finissent pas déserter cette destination d’exception ?
Il est évident que la seule interdiction des sacs et bouteilles d’eau minérale ne résoudra pas tous les problèmes de déchets en Himalaya mais cette mesure serait un premier pas dans la bonne direction. Elle montrerait aux touristes et aux populations locales que la préservation de l’environnement est possible, qu’elle ne coûte pas chère et que le tourisme peut être une activité économique durable. S’ils sont informés à l’avance, les touristes se plieront de bonne grâce aux règles locales comme c’est le cas depuis 10 ans sur le trek du Sanctuaire des Annapurnas.
Cette simple démarche est un moyen durable et bon marché de promouvoir le Népal en tant que destination d’aventure verte. Et comme le dit Hem : ’ en suivant le cours naturel des rivières, il faut bannir l’usage du plastique du sommet des montagnes vers les plaines, et non l’inverse…’
Jérome Edou
Décembre 2012
www.greenaction.org
Depuis 10 ans et comme de nombreux patrons de lodge au Népal, Hem Bahadur du village de Chomrung a profité de l’augmentation régulière de la fréquentation touristique dans la région himalayenne des Annapurnas. Il a investit ses profits dans une salle de bain et des toilettes mais Hem s’est vite rendu compte qu’il ne pouvait rien faire des sacs en plastique et des bouteilles d’eau minérale qui jonchaient les abords de son lodge, le village, les champs et les rivières alentours. Avec deux collègues de Chomrung ils ont donc convaincu tous leur collègues d’interdire purement et simplement les bouteilles d’eau minérale sur les quatre jours de trek entre Chomrung et le Sanctuaire des Annapurnas, et ce, avec succès, depuis près de 12 ans.
Le plastique est un des pires fléaux environnementaux, notamment dans les régions de montagne : il met des siècles à se dissoudre, il est dangereux pour la santé humaine, le bétail et la faune sauvage, et il est pratiquement impossible à recycler. Aujourd’hui, faisant suite à l’initiative de Chomrung, l’association népalaise Greenaction a donc lancé une campagne pour faire interdire purement et simplement l’usage du plastique – bouteilles et sacs – dans tout l’Himalaya népalais.
Comme le souligne Hem Bahadur : « Nous avons survécus pendant des siècles sans sacs en plastique. Et les alternatives existent. Quant à l’eau, nous vendons de l’eau filtrée ou bouillie aux trekkeurs et nous gagnons plus d’argent qu’avec les bouteilles. Et en plus c’est durable ! »
La mise en place de cette interdiction est de la responsabilité des Parcs Nationaux qui couvrent les régions de trek et qui collectent d’importantes royalties de chaque visiteur. Si certaines règles de préservation de l’environnement ont été mises en place dans les Parcs, Greenaction réclame aujourd’hui la mise en œuvre de l’étape suivante qui doit être bien sûr l’interdiction du plastique comme c’est déjà le cas ailleurs, notamment chez nos voisins du Ladakh, du Sikhim ou du Bhoutan.
Aujourd’hui le concept de ‘tourisme durable’ est dans toutes les brochures, sites et pubs des agences de voyage. ‘Durable’ signifie un management responsable des ressources humaines et naturelles, et la capacité de maintenir et d’accroitre la fréquentation touristique sur le long terme dans les meilleures conditions possibles. Si nous voulons que l’industrie du trekking soit durable au Népal, qu’elle offre des emplois bien rémunérés et dès lors demeure une alternative viable à l’exode des jeunes notamment, il est temps que le gouvernement et ses différentes agences prennent des mesures drastiques sur le plastique. Oui, ‘’visiter le Népal une fois ne suffit pas’’ comme le suggère la publicité officielle du ministère du tourisme népalais mais pour être sûr que les trekkeurs aient envie de revenir, il faut que le gouvernement développe les infrastructures nécessaires – aéroports, routes, électricité, eau, – tandis que les Parcs et les entrepreneurs du tourisme doivent proposer de la nourriture et des hébergements corrects pour les trekkeurs ET pour les porteurs, et un environnement préservé. Tels sont les facteurs a minima pour le Népal puisse continuer de jouir des 40 % de visiteurs qui reviennent aujourd’hui ce qui est un atout inestimable pour le pays.
Pour l’industrie touristique, la vraie question est : comment un village de quelques centaines de maisons peut-il accueillir à long terme, un nombre croissant de visiteurs et gérer ses déchets dans de bonnes conditions ?
Il est aujourd’hui accepté qu’en moyenne 50% des déchets ménagers sont biodégradables et peuvent être compostés tandis que l’aluminium et les boites de conserves peuvent être recyclés car ils ont une vraie valeur marchande. Mais que faire des sacs et des bouteilles en plastique ? Sur la place centrale de Lomanthang, petite capitale de l’ancien royaume du Mustang, un imposant panneau de l’Annapurna Conservation Area (ACAP) prie instamment les touristes de respecter la nature fragile de ces paysages sublimes. Mais, à 100 m de là, juste derrière les hauts murs de la petite cité médiévale, une vaste décharge à ciel ouvert dégage une odeur pestilentielle. Que faire ? N’est-il pas temps de prendre des mesures drastiques ? Ou devons nous attendre pour agir que les déchets envahissent la ville et que les touristes finissent pas déserter cette destination d’exception ?
Il est évident que la seule interdiction des sacs et bouteilles d’eau minérale ne résoudra pas tous les problèmes de déchets en Himalaya mais cette mesure serait un premier pas dans la bonne direction. Elle montrerait aux touristes et aux populations locales que la préservation de l’environnement est possible, qu’elle ne coûte pas chère et que le tourisme peut être une activité économique durable. S’ils sont informés à l’avance, les touristes se plieront de bonne grâce aux règles locales comme c’est le cas depuis 10 ans sur le trek du Sanctuaire des Annapurnas.
Cette simple démarche est un moyen durable et bon marché de promouvoir le Népal en tant que destination d’aventure verte. Et comme le dit Hem : ’ en suivant le cours naturel des rivières, il faut bannir l’usage du plastique du sommet des montagnes vers les plaines, et non l’inverse…’
Jérome Edou
Décembre 2012
www.greenaction.org