SOLDES

SOLDES

Hergé en avait déjà pressenti l’urgence. Aujourd’hui avec la banalisation des expéditions, le graal de l’alpinisme est devenu un dépotoir,‘avec’ selon la description du National Geographic ‘des ordures dégorgeant des glaciers et des pyramides d’excréments humains souillant les camps d’altitude…’ Face à cette situation alarmante que l’on voit se développer inexorablement depuis cinquante ans, le Népal vient d’annoncer une nouvelle loi visant au nettoyage de l’Everest.

Théoriquement, les expéditions sont supposées redescendre leurs déchets. Mais la difficulté de vérification et la nécessité de se délester de poids dans les situations d’urgence, ont contribué à rendre cette règle caduque. Et si les expéditions de nettoyage se sont succédées depuis quelques années, la dernière en date a ramené 1 tonne de déchets au prix de 96 dollars le kilo. Plus cher que du cachemire …
Selon la nouvelle loi, chaque grimpeur devra donc impérativement rapporter 8 kg de détritus en plus de ses propres déchets et les présenter à la cahute gouvernementale au camp de base. Une taxe sur les ordures en quelque sorte mais l’histoire ne dit pas ce qui se passera si un grimpeur n’a pas son quota.

Pour éviter l’engorgement de l’Everest qui chaque année fait de nombreuses victimes, le gouvernement népalais envisage aujourd’hui de ‘louer’ ses quelques 1900 sommets de plus de 5500 m à des investisseurs privés qui devront en assurer le développement et le management. Pourquoi pas ? Mais dans le même temps, ce même gouvernement vient de diviser par deux les permis d’ascension de l’Everest. Ces ‘soldes’ comme toutes les soldes se concentrent sur un laps de temps limité – pour l’Everest, la fenêtre pour tenter le sommets se situe en générale dans la troisième semaine de Mai - et ont pour but d’accroitre le business. On en reparlera.

Mais en attendant, saluons donc ici l’initiative de l’ONG népalaise ‘Plastic Free Himalaya qui milite pour faire interdire sacs et bouteilles en plastique dans les Parcs nationaux qui correspondent aux itinéraires de trek, en imposant aux lodges l’installation de filtres à eau qui pourra être vendue avec le même profit que l’eau minérale, - pur bénéfice, durable et responsable. Pour votre prochain trek au Népal, ou ailleurs, apporter votre gourde et votre propre purificateur d’eau dont il existe aujourd’hui pléthore, pour ne laisser aucune trace et soutenez cette initiative. Comme le dit un de ses initiateurs, Mahabir Pun : « L’eau est une ressource naturelle du Népal, accessible à tous. N’est-il pas dès lors totalement irresponsable d’apporter de l’eau des villes dans les montagnes ? »


Jérome Edou
Katmandou, mars 2014
VISITEZ www.plasticfreehimalaya.org